Accéder au contenu principal

« Le Cinquième Soleil » s’est levé sur la Corrèze

 Ceci est un billet invité rédigé par Erik Le Bras.

22 ans après l’exposition du Grand Palais, le musée du président Jacques Chirac (Sarran) met à l’honneur les cultures du Mexique préhispanique. Cet événement culturel souhaité par la conseillère générale de la Corrèze, madame Bernadette Chirac, présente jusqu’au 11 novembre prochain quelques 200 prêts exceptionnels du musée du quai Branly, de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale et d’importants collectionneurs privés parisiens.

Pourquoi le Cinquième Soleil ?

Le titre fait référence au logo, le glyphe aztèque Ollin,  qui accompagne le visiteur tout au long de l’exposition. Il est également un clin d’œil à la fin du monde prétendument annoncée par les Mayas puisque la date « Quatre Mouvement » marquera l’achèvement du Cinquième Soleil…

Le Parcours de l’exposition

« Le Cinquième Soleil » s’organise chronologiquement en 9 sections : les 8 premières traitent des principales cultures de la Mésoamérique tandis que la dernière illustre le goût des surréalistes pour les arts anciens et populaires du Mexique.

1.      Les Olmèques et les cultures villageoises
De la première section, on retiendra notamment un ensemble de vénus provenant de Tlatilco, la figurine d’homme-félin du musée du quai Branly, des baby-faces, une statuette féminine au thorax ouvert ainsi que divers masques dont un orné d’un profil humain incisé.

2.      L’Occident du Mexique
Ici, ce sont majoritairement des terres cuites qui évoquent les principales traditions de l’ouest mexicain. Une maquette de maisons Nayarit, un chien assis Colima, un couple de « Cornudos » ou encore plusieurs vénus Chupicuaro ayant appartenues à Guy Joussemet (ce collectionneur offrit au quai Branly la fameuse Chupicuaro qui trône aujourd’hui au pavillon des sessions du Louvre) n’en sont que quelques exemples admirables.

3.      Le Guerrero
Cette troisième unité est consacrée aux cultures Chontal et Mezcala. Les objets les plus intéressants sont peut-être la façade miniature d’un temple à quatre colonnes et deux sculptures anthropomorphes fortement stylisées.

4.      Teotihuacan
Une exceptionnelle statue anthropomorphe du quai Branly introduit l’art de la cité des Dieux. La sculpture en question fut acquise par l’Etat français en 1850 pour le « musée des antiquités américaines » du Louvre, l’un des premiers de ce genre en Europe. Outre cette pièce, on remarquera également un encensoir de type théâtre, quelques masques, une figurine articulée en terre cuite, un brasero en tuf à l’effigie de Huehueteotl, le vase dit « aux papillons » du quai Branly…

5.      La côte du Golfe au classique
La sobriété de l’art Teotihuacan cède la place à la production exubérante des cultures de l’Etat de Veracruz. Bien que les terres cuites exposées soient d’une grande qualité, c’est surtout le complexe joug-hache-palme qui suscite l’attention : joug représentant un crapaud ou un visage humain, palme à tête de jaguar ou aux motifs géométriques entrelacés, hache en forme de crâne ou de Coati… autant d’artefacts qui renvoient au jeu de balle et sa finalité sacrificielle.

6.      Les Zapotèques
C’est au travers de deux vases-effigies anthropomorphes et d’un important fragment de brasero à l’image de Huehueteotl, que les Zapotèques se dévoilent au public. Etant vu que près du quart des céramiques de cette culture sont fausses, celles présentées à Sarran ont été authentifiées par thermoluminescence.

7.      Les Mayas
A défaut de trouver les preuves d’une improbable prochaine fin du monde, les pseudo-scientifiques de l’anéantissement pourront toujours s’extasier devant des jades, des plats et des vases polychromes richement décorés de scènes mythiques, des panneaux sculptés ou des sifflets-anthropomorphes de l’île de Jaïna. Toutefois, un silex excentrique force notre admiration plus que tout le reste.

8.      Les Aztèques et les cultures du postclassique
L’avant-dernière section est dédiée aux Aztèques et leurs voisins huaxtèques, mixtèques et tarasques. L’art mexica domine le corpus avec une statue anthropomorphe masculine debout, un buste de Xipe-Totec, un coffret en pierre contenant le glyphe de Montezuma II, des sculptures représentant Ehecatl-Quetzalcoatl, Chalchiuhtlicue et une cihuateotl ainsi qu’un fac-similé du codex Borbonicus daté du XIXième siècle.

9.      Les arts populaires
L’exposition se termine sur une composition d’objets préhispaniques et populaires dont l’apparente liberté des formes inspira les Surréalistes. Plusieurs pièces exposées appartinrent à André Breton comme ce splendide masque Teotihuacan du pavillon des sessions du musée du Louvre.

Le catalogue

Le catalogue est actuellement en préparation (sortie prévue pour septembre). Il sera agrémenté des articles suivants :

-     Le Cinquième soleil sera-t-il le dernier ? - Claude-François Baudez et Véronique Campion-Vincent
-          L’Occident s’éveille aux arts amérindiens - Henri Stierlin
-          La civilisation olmèque - Claude-François Baudez
-          L’Occident du Mexique - Nicolas Latsanopoulos
-          Teotihuacan, cité des Dieux - Nathalie Ragot
-          La côte du Golfe au Classique - Sylvie Peperstraete
-          La tenue de cérémonie du joueur de balle mésoaméricain - Ted J. J. Leyenaar
-          La culture zapotèque - Nathalie Ragot
-          Unité et diversité de la civilisation maya - Claude-François Baudez
-          Les Aztèques et les cultures du postclassique - Sylvie Peperstraete
-          La beauté convulsive du papillon d’obsidienne - Carmen Bernand

Les Parisiens qui n’auront pas la chance de se rendre à Sarran, pourront toujours se procurer le catalogue à la librairie du musée du quai Branly.

Informations pratiques

Musée du président Jacques Chirac
19 800 Sarran, à 23 km au nord-est de Tulle (voiture indispensable)
Téléphone : 05 55 21 77 77
Ouvert tous les jours de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h
Plein tarif : 4 €
Tarif réduit : 2,5 €

Voici le film de présentation de l'exposition, visible sur Youtube.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Arqueologia Mexicana n°99

Avec le titre "De la crónica a la arqueología: visión de cinco ciudades prehispánicas", l'editorial propose une levée bimestrielle un peu moins rutilante que son précédent numéro sur Moctezuma. En même temps, il est difficile de faire plus fort que celui qui reste une figure importante de l'identité mexicaine. Faisons donc un rapide tour du propriétaire. Après les quelques brêves rappelant les fouilles à Chichen Itza, la restauration de la petite pyramide ronde du métro Pino Suarez ou la sortie du catalogue de l'exposition Moctezuma. Azteca Ruler, co-édité par Leonardo Lopez Lujan et Colin Mc Ewan, on peut lire l'hommage rendu par Eduardo Matos Moctezuma au Dr Miguel Leon-Portilla pour les 50 ans de la publication Visión de los Vencidos: relaciones indigenas de la Conquista . Suit une présentation du Codex Ixtlilxóchitl par Manuel Hermann Lejarazu. Le titre de ce document fait référence à son illustre propriétaire, Fernando de Alva Ixtlilxochitl (1578
Au cœur de la zone archéologique de Tulum, dans l'État de Quintana Roo, une équipe de chercheurs de l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) a fait une découverte extraordinaire. Alors qu'ils travaillaient dans le cadre du Programme de Mejoramiento de Zona Arqueológicas (Promeza) sur des sondages préalables à un nouveau sentier pour les visiteurs, une entrée de grotte cachée derrière un rocher a été mise au jour.  Enterrements 6 et 9. Photo : Proyecto de investigación Promeza, Tulum / Jerónimo Aviles Olguin. La découverte de cette grotte, située à l'intérieur de la zone fortifiée de Tulum, a été le point de départ d'une exploration qui a révélé des éléments remarquables. Lors des travaux de dégagement pour aménager un nouveau sentier entre les bâtiments 21 et 25, l'équipe a identifié une entrée scellée par un énorme rocher. En retirant ce dernier, ils ont révélé l'entrée d'une cavité jusqu'alors inconnue. À l'intérieu

Conférence au Musée d'Histoire Mexicaine de Monterrey

Un peu de pub pour notre chapelle. Après-demain, votre serviteur aura l'honneur de participer pour la troisième année consécutive aux Cuartas Jornadas de Estudios Mexicanos, organisées par l'Universidad de Monterrey au Museo de Historia Mexicana, dans le centre-ville de la Sultana del Norte. Au programme cette année, il sera question du "Passé préhispanique aux temps du Porfiriat et de la Révolution". Il s'agit simplement de présenter à un public non-spécialiste comment s'est forgée l'identité nationale mexicaine au moment du pouvoir autocrate de Porfirio Diaz en 1884 et 1910. Au delà de la redécouverte et de la réappropriation du passé préhispanique, on expliquera notamment la systématisation des études archéologiques et anthropologiques à cette époque. Je cherche d'ailleurs une revue pour publier la version de l'article que j'ai rédigé pour l'occasion. Si vous avez des contacts, envoyez-moi un courriel. Au pire des cas, j'utiliserai