Pour
les touristes européens (et mexicains) en mal d'authentique, la petite ville de
San Miguel de Allende est devenue une destination incontournable. Elle
bénéficie notamment du label "Pueblo Mágico", l'équivalent de
"Plus beau village de France". Certes San Miguel a un charme colonial
sans pareil. C'est oublier que la plupart de ces bâtisses ont désormais des
propriétaires étrangers qui se sont précipités pour acquérir des biens souvent
laissés à l'abandon par la population.
Ce
que beaucoup de touristes ignorent encore, c'est la présence d'un site
archéologique dans les environs directs de San Miguel de Allende. Appelé Cañada
de la Virgen, il vient d'être ouvert au public. Les archéologues du Centro
INAH-Guanajuato lui ont attribué une filiation ñañhü ou otomi. A l'instar de la
très grande majorité des anciens sites mésoaméricains, la conception de
l'espace urbain repose sur l'observation de phénomènes astronomiques
observables à l'oeil nu.
Pendant
sept ans, l'équipe de l'archéologue de l'archéologue Rossana Quiroz Ennis
s'est attelée à la tâche de déterminer ces patrons astronomiques qui ont dirigé
l'élévation de plusieurs bâtiments sur le site. La majorité des bâtiments construits à Cañada de la Virgen ont leur entrée orientée vers l'ouest quand on observe plutôt l'inverse sur des sites comme Teotihuacan ou Tula.
L'édifice le plus emblématique de cette orientation est la Maison des 13 cieux. Au couchant du 4 mars, la lumière du soleil passe par le portique, probablement pour indiquer que le soleil entrait symboliquement dans l'inframonde. Curieusement, c'est également la date que le frère Toribio de Benavente dit Motilinia rapporte comme début du calendrier mésoaméricain. Cette date est à mettre en relation avec les cycles agricoles. C'est à partir de ce moment qu'on égraine le maïs pour pouvoir le planter dans la terre préparée et fertilisée.
Un autre alignement important a lieu le 25 août. Selon le chercheur Francisco Granados, cette date était importante dans la région du Bajío. A ce moment on remettait une partie de la récolte au seigneur de la région.
Depuis deux ans, les observations archéoastronomiques se sont tournées vers l'étude des positions de Vénus, de la constellation de la Grande Ourse. Vue depuis le complexe A, elle semble tourner autour de la Maison des 13 Cieux. Ils ont également observé la constellation de la Croix du Sud juste au-centre de la cour du Complexe A : au même endroit ont été découverts les restes de plusieurs individus.
Tous ces éléments permettent d'émettre l'hypothèse selon laquelle les bâtiments, l'environnement et leur orientation permettaient aux habitants de mesurer le temps, de déterminer les moments propices aux semailles, aux récoltes.
Pour en savoir plus sur Cañada de la Virgen, vous
pouvez lire en espagnol un reportage publié sur le site de l'INAH. Il est l'oeuvre de Marlen González. Rossana Quiroz Ennis est l'auteur de l'ouvrage El cerro y el cielo, publié par l'Instituto Nacional de Antopología e Historia.
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