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Compte-rendu Arqueologia mexicana 125

Le dernier numéro d'Arqueología mexicana devrait ravir notre collègue Nicolas Latsanopoulos qui a travaillé sur le symbolisme de différents animaux, notamment sur ceux qui ont pu être domestiqués par l'homme dans les Amériques: le dindon et le chien. Je laisse de côté les camélidés andins qui n'en demeurent pas moins une espèce animale importante dans la partie australe du continent. Ce bimestre il est donc question du chien mésoaméricain, ou plutôt des races canines ayant pu exister dans cette partie du monde.


Si on prend d'emblée le dossier phare de la revue de divulgation de l'INAH, on pourra remarquer la multiplicité et la diversité des points de vue proposés.

Le biologiste Raúl Valadez Úlua est spécialiste en archéozoologie. Chercheur à l’UNAM, il est l’auteur de plusieurs publications sur les races de chiens préhispaniques. Dans ce numéro, il nous présente l’origine du chien américain et sa dispersion sur le continent.
Dans le second article, les biologistes Ana Fabiola Guzmán et Joaquín Arroyo-Cabrales résument les différentes races de chiens mésoaméricains en fonction de leurs caractéristiques morphologiques, génétiques et moléculaires. Les auteurs comptent véritablement trois types de chiens : l’itzcuintli et le chichi. S’appuyant notamment durant les travaux de Sahagún, ils repèrent différents états du chien : . Ils décrivent ainsi le tlachichi, petit chien court sur pattes, le xoloizcuintli, chien sans poil, et le itzcuitepozotli, chien bossu volontairement engraissé pour la consommation humaine. Enfin ils démontrent une grande partie des races américaines ont une origine préhispanique. 

Roberto Garcia Moll revient sur de différentes campagnes de fouilles effectuées à Tlatilco en 1969. En dépit de l’ancienneté de ces recherches, l’archéologue émérite de l’INAH continue de douter de la fonction possible des si nombreux enterrements canins associés ou isolés.

L’archéologue Martha López Mestas explore les traditions iconographiques du chien dans l’Occident, sans conteste l’une des plus prolifiques du genre. Les nombreuses images en terre cuite rouge sont apparues très tôt dans cette partie du Mexique, comme contenant, dans des scènes de vie quotidienne ou même accompagnant un défunt représenté sur une céramique Colima de la phase Comala. Bon nombre d’images des chiens de Colima avaient été déposées dans des tombes appartenant probablement à des individus de haut rang.
C’est d’ailleurs ce contexte que Joseph Mountjoy, Fabio Cupul-Magaña et Jill Rhodes ont voulu reprendre sur différents gisements archéologiques de la Vallée de Mascota, au Jalisco. 

Mercedes de la Garza nous propose un résumé des significations du chien parmi les groupes nahuas et mayas anciens. La philologue mexicaine reprend l’aspect psychopompe du chien dans ces deux cultures. Mais elle revient aussi sur le stéréotype du xoloizcuintle utilisé comme aliment et rappelle judicieusement que ce canidé était consommé dans un cadre rituel strict. La dernière partie de son article revient sur Xolotl, le dieu chien des Mexicas, son étroite relation avec Quetzalcoatl et les mythes de création du soleil.

L’archéologue Daniel Díaz résume une grande partie de l’iconographie canine mésoaméricaine sur six pages avec une cartographie rapide des principaux contextes archéologiques. À quelques semaines de la publication de cette revue, l’INAH vient de publier sur son site un bulletin rapportant la découverte des restes de douze chiens lors de fouilles effectuées sur un terrain attenant à l’avenue Azcapotzalco, à Mexico. 

Que d’autre lire en dehors de ce dossier thémariques. On lira avec intérêt l’article de Gonzalo Sánchez Santiago sur certains aérophone retrouvés dans la région de la Mixteca. Il conviendra de remettre en perspective cette recherche avec celle effectuée par Francisca Zalaquett sur les collections d’instruments de musique de différents musées mexicains.

Blas Castellón présente de façon très succincte sur l’extraction de pains de sel dans le sud de l’état de Puebla. L’auteur revient notamment sur l’ancienneté de cet office dans cette région.

L’historienne et archéologue Araceli Peralta clot ce nom avec un reportage ethnographique de tout premier ordre. Elle relate les rituels de pluie et de fertilité de la terre dans le paysage rituel xochimilca.


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