Un article publié dans la Gaceta UNAM donne un éclairage nouveau sur les traditions distillatoires au Mexique. Si le Mexique actuel est connu sur sa production de tequila, il existe d’autres alcools résultats de la distillation de différentes espèces d’agave ou de maguey, réparties sur à peu près l’ensemble du territoire mexicain. Ils répondent aux doux noms de mezcal, principalement produit à Oaxaca, ou sotol, préparé au Durango, au Coahuile et au Chihuahua (l’état pas la race de chien, hein!).
Mais dans tous les cas, on reste persuadé que les groupes autochtones connurent les techniques de distillation au contact des conquérants espagnols qui, soit dit en pensant, les avaient récupérés des Arabes ayant séjourné dans la péninsule ibérique au début du millénaire passé. C’était sans compter sur les travaux entrepris et exposés par Mari Carmen Serra Puche et Jesús Carlos Lazcano Arce, chercheurs de l’Institut de Recherches Anthropologiques de l’Universidad National Autonome du Mexique, dans l’ouvrage El mezcal, una bebida prehispánica. Estudios etnoarqueológicos.
Les auteurs expliquent avoir soumis à des analyses radiocarbones une série d’échantillons récupérés lors de fouilles dans les unités habitationnelles situées à l’est du Grand Basement de Cacaxtla-Xochitecatl. Différents fours qui semblent avoir été construits pour brûler des piñas de maguey ont été mis au jour. L’hypothèse menant à un four pour la production de céramiques fut rapidement abandonnée : la disposition des pierres ne semblaient pas l’indiquer. Plusieurs traces d’écoulements ont mis la puce à l’oreille des archéologues. Leurs collègues de la Faculté de Chimie ont identifié un liquide qui correspond à de la piña de maguey brûlée. En plus du lieu de cuisson et du produit, des tessons de céramique d’une certaine taille ont été retrouvé et correspondaient à des distillateurs.
À titre de comparaison, voici une vidéo qui montre l’équivalent moderne de ces fours aux environs de Miahuatlan, Oaxaca.
Les éléments organiques retrouvés ont indiqué une fourchette temporelle remontant au Préclassique moyen entre 600 et 400 avant notre ère ! C’est une petite révolution en soi. La consommation de boissons enivrantes par les groupes préhispaniques variait énormément : les témoignages recueillis par Durán et Sahagun indiquent que les Mexicas et d’autres peuples la contrôlaient strictement quand d’autres étaient plus laxes. Un point commun semblent toutefois se dégager : une consommation rituelle et probable réservée à certaines fêtes et probablement à certaines personnes. Rappelons que les Mexicas condamnaient sévèrement l’ivresse en public, sauf quand on atteignait l’âge de 52 ans, considéré comme un privilège. La découverte de Cacaxtla-Tlaxcala remet aussi clairement en cause notre état de connaissance sur la distillation et la consommation de vin distillé de maguey.
Huerta, L. (2017). Los prehispánicos ya producían mezcal destilado hace 25 siglos. En línea el 5 January 2017: http://www.gaceta.unam.mx/20170105/los-prehispanicos-ya-producian-mezcal-destilado-hace-25-siglos/
Serra Puche, M.C. & Lazcano Arce, J.C. (2016). El mezcal, una bebida prehispánica. Estudios etnoarqueológicos. Mexico: Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Antropológicas.
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